jeudi 31 mars 2011

A paraître : Curtis dans la langue de Pouchkine

"Curtis..." répond à deux choses qui m'avaient frappé avant même la rédaction de "Pôle Sud" :
- la place particulière qu'a occupé la fiction dans le "pays du mensonge" qu'a représenté l'Union soviétique (et, plus généralement, la place très particulière qu'a occupé le roman et les écrivains en Russie depuis Pouchkine)
- l'imprégnation qu'avait dû vivre un traducteur comme André Markowicz en retraduisant l'ensemble de l'œuvre de Dostoïevski, travail qui s'est étalé sur plus d'une décennie.

Des années plus tard, alors que j'ébauchais le texte à la suite de "Pôle Sud", le contexte de l'Amérique, des années cinquante et de la lutte pour les droits civiques m'est apparu comme le pendant logique d'une histoire se déroulant en URSS. On avait ainsi, avec les pays non-alignés, la reconstruction d'un monde disparu : celui de la guerre froide et de cette balance entre l'Est et l'Ouest, au gré d'une vérité qui n'existe plus qu'en tant que propagande.

Présentation du livre :
En 1962, un jeune Noir américain décide de traduire l'œuvre d'Efim Klikov, un écrivain russe exécuté sous Staline et auteur de trois romans secrets traitant de la censure. C'est l'époque de la Guerre froide, de la lutte de Martin Luther King, du retour providentiel des negroes en Afrique, et l'itinéraire de Curtis Alexander Brown est ainsi marqué du sceau de cette époque : il grandit chez un Russe exilé dont sa mère est la domestique, fréquente une communiste américaine à l'adolescence, part au Ghana aider les autorités dans leurs rapports avec les Soviétiques, avant de gagner l'URSS sur les traces d'un écrivain victime de la terreur stalinienne, tandis que les siens participent aux différentes périodes de la lutte pour les droits civiques.
Mais le parcours de Curtis est avant tout littéraire. Bouleversé par un premier roman de Klikov exhumé d'une vieille malle trouvée dans les greniers d'une bibliothèque moscovite, il fera tout pour rendre justice à cet auteur, avec l'aide d'un couple fasciné par la portée subversive d'une œuvre consacrée aux organes de la censure en Union soviétique.

Curtis dans la langue de Pouchkine est organisé comme un triptyque : trois âges, trois traductions, trois femmes, trois continents, l'Est, l'Ouest, le non-alignement. C'est un roman sur la naissance d'une vocation ; sur la littérature, la liberté et la censure ; la solitude, l'exil et l'écriture ; la place de la fiction au pays du mensonge soviétique ; la frontière entre la traduction, le témoignage et la réécriture. Enfin, c'est l'histoire d'un homme et d'une supercherie progressive, celle d'un « village Potemkine » rédigé par le nègre involontaire d'un écrivain posthume...

"Curtis dans la langue de Pouchkine" devrait paraître en octobre 2011 aux éditions Gallimard (collection Blanche).

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